Dix ans se sont déjà écoulés depuis l’implantation en Alsace de Cordon Group. Cet acteur breton de l’électronique avait atterri à l’autre bout du pays, vu de ses bases, avec force couverture médiatique : il reprenait alors l’usine Sony de Ribeauvillé (Haut-Rhin) dont l’ouverture en 1986 avait constitué l’emblème de la conquête de l’Europe par les géants japonais de l’électronique dans les années 1980 et de leur engouement pour l’Alsace, notamment sa partie centrale autour de Colmar jusqu'à culminer à 1.600 salariés en 1999. Avant qu’elle incarne leur relatif repli au début du XXIème siècle. 

Une décennie après son changement de propriétaire, le site est toujours bien installé dans le paysage, au pied des vignes. Son effectif s’est stabilisé à environ 300 personnes, le niveau où il se situait à la prise en main complète par Cordon Group.

L’entité alsacienne a hérité de son histoire particulière des capacités de fabrication qui font d’elle, avec un homologue en Italie, le pilier du pôle production de son groupe s’étant établi comme référence de l’électronique européenne, depuis son siège de Dinan (Côtes d'Armor) : toujours présidé par son fondateur en 1989 Serge Cordon, il emploie 4.000 salariés, dont les deux-tiers en France, répartis sur 38 sites dans 13 pays ayant abouti à un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros en 2023.

Ribeauvillé déploie ainsi une activité de design, fabrication et assemblage , en sous-traitance, complète ou partielle pour des clients eux-mêmes concepteurs et fabricants. « Nous pouvons par exemple fabriquer une carte qui va s’intégrer à un produit électronique complet, ou ce même produit, en fonction de la demande », complète Emmanuel Adam, business développeur. L’activité a gagné en valeur ajoutée par le fait d’inclure les tests et de remonter dans la chaîne de réalisation : les équipes alsaciennes sont de plus en plus associées au développement de nouveaux projets de clients.

Un facteur de cette évolution réside dans le fait que ses interlocuteurs se sont rapprochés géographiquement. « Le phénomène de relocalisation est une réalité dans l’électronique. Dans un rapport de proximité, nous pouvons dialoguer de façon plus intense avec nos interlocuteurs. Nous devenons force de proposition », relève Emmanuel Adam.

Mais Ribeauvillé s’est aussi développé dans la réparation, le « refurbishment » (remise à neuf) et l’après-vente, pour des produits audio et vidéo notamment. Le site s’inscrit ainsi pleinement dans la stratégie de Cordon Group de « devenir un acteur de l’économie circulaire de l’électronique, du design à la logistique, jusqu'à la fin de vie d’un appareil », expose sa responsable communication Cécile Couboulic. Ce qui a f ait émerger au sein du groupe des pôles de réemploi, recyclage (les déchets d’équipements électroniques et électriques, les D3E, non réutilisables en soi) et, logistique.

A Ribeauvillé, les fonctions se complètent : « lors des retours produits dont nous nous chargeons, nous pouvons détecter des défauts à faire remonter au partenaire fabricant afin qu’il en fasse un point d’amélioration de son offre », explique Emmanuel Adam. Le site tend ainsi à proposer une prestation globale d’autant plus qu’il développe de plus en plus une offre logistique – la logistique inversée de gestion de retour de flux, la préparation de kits (kitting) – par lui-même ou par appel aux entités spécialisées de Cordon Group. 

Ainsi, les activités du site alsacien débouchent sur des applications multiples, au bout de la chaîne des utilisateurs successifs de ces offres. In fine, elles se retrouvent dans la domotique, la métrologie (instruments de mesure), l’équipement médical, la sécurité, les objets connectés, et ainsi de suite.